Les portails en Limousin
Les portails des églises sont les portes d'entrée dans le monde sacré pour se détacher du monde profane. Les sculpteurs ont oeuvré pour les orner et leur rendre une fonction symbolique et cultuelle. Il n'est donc pas innocent de les observer.
En Limousin, de nombreux portails présentent certaines affinités, dont la synthèse a permis de définir un style régional pour cette partie de l’édifice . Le portail dit limousin est composé de plusieurs voussures placées en retrait successif ; des tores sont logés dans les angles rentrants, et prolongés jusqu’au sol par des colonnettes qui supportent des chapiteaux sans tailloir.
La spécificité de ces portails renvoie plus généralement à un type de mouluration propre à la région, qui orne également les ébrasements des fenêtres et des baies des clochers. Le tore ou boudin souligne l’arc, et retombe sur des colonnettes de même diamètre : les chapiteaux sont donc de petite taille, peu évasés, et les tailloirs inutiles.
En réalité, les chapiteaux perdent ici leur fonction architecturale, qui est d’assurer la transition entre le fût circulaire d’une colonne et la section rectangulaire du sommier de l’arc. Il arrive donc que les chapiteaux disparaissent, et que la moulure cylindrique se développe sans discontinuer de la base des piédroits au sommet de l’arc.
Les moulurations des portails limousins
On retrouve dans le traitement des portails, la même continuité que dans dans les baies limousines entre le XIIème et le XIVème siècles. Certes, à l'époque romane, il est courant d'embellir les portails par des colonnes d'angle, et le Limousin s'incrit, là encore, dans un mouvement général après 1100. Mais si aucun portail à colonnes antérieur aux années 1130 n'est connu dans la région, ce n'est sans doute pas un hasard. Basés sur les mêmes principes structurels et décoratifs que les baies, leur définition participe au même vocabulaire, leurs effets sont réduits aux seuls jeux de géométrie donnés par leurs ressauts et la tension entre les lignes dessinées par les assises et la verticalité données par les colonnes adossées. C'est dans le portail à festons de La Souterraine, du Dorat ou de Bénévent que la réussite de la composition se manifeste avec le plus déclat à la période romane.
L'emploi du granit n'y est pas exclusif d'une recherche de polychromie par l'introduction de chapiteaux ornementaux de calcaire ou de la serpentine. La conséquence de ce choix est le rejet des tympans et de tout le programme iconographique intégré à la structure, donc un choix qui va à l'encontre des développements que connaissent les grands portails romans. Cette attitude particulière n'empêche cependant pas d'amplifier le sens des façades par l'association de statues généralement placées sur des consoles ou dans des niches.
Ainsi, comme pour les baies limousines, le qualificatif de "portail limousin" reçoit-il une double acception, formelle et régionale. Une fois de plus, ce n'est pas l'existence d'une catégorie exclusive qu'il faut souligner, de beaux exemples de portails à l'iconographie riche sont connus en Limousin autour du tympan de Beaulieu, mais la permanence d'un goût et celle d'habitudes de construire qui sont particulièrement prégnantes. Là est le particularisme, qui ne signifie pas pour autant renfermement, bien au contraire puisque la structure générale dénote d'une attention aux grandes tendances contemporaines qui exclut toute idée de retard ou d'isolement.
(Source - Limousin, pays et identités / PULIM)
Pour plus d'info ...
Le portail polylobé à festons de la Celle Dunoise
Construite au XIIème siècle, en granit gris, l'Eglise Saint-Paul de Reilhac est d'origine templière et présente un plan rectangulaire. Elle adopte un style caractéristique des églises rurales du limousin. Elle comporte une nef de trois travées, suivie d'un choeur sous coupole à pendentifs et d'une abside semi-circulaire. La voûte en berceau s'est écroulée. L'avant-choeur est éclairé par des baies-meurtrières tandis que l'abside est décorée de quatre arcs. Le cloch