Livre d'Heures d'Ussel
Le Musée du pays d'Ussel a pu faire en novembre 1985 une acquisition tout à fait exceptionnelle et qu'il ne lui sera sans doute pas donné de renouveler: celle d'un livre d'Heures enluminé du XVe siècle, exécuté pour un licencié en lois originaire du Bas-Limousin, Peyre de Bonetos, un de ces nombreux Bonet, bien difficiles à connaître, mais qui truffa son livre d'Heures d'un traité de comput pascal rédigé en limousin et d'une oraison propitiatoire destinée à faciliter bien des choses. . . sciences et superstition n'étaient pas encore séparées à la fin du Moyen Age.
Vingt trois peintures à pleine page ornent ce beau livre. Elles ne sont pas de Jean Fouquet, d'Enguerran Quarton ou de Jan van Eyck, d'ailleurs, le Musée n'aurait pas pu les acheter. Elles sont d'un peintre limousin dont l'anonymat n'a pu être percé, et de bonne qualité, comparées à la production limousine connue, et aux autres manuscrits de même niveau.
Au XIIIe siècle, alors que l’usage du psautier est à son apogée dans société laïque, le Petit office de la Vierge contenu dans le bréviaire devient autonome, témoin de l’essor du culte marial depuis le XIIe siècle. Dès lors, il constitue rapidement le cœur d’un nouvel ouvrage de dévotion, le livre d’Heures, qui gagne la faveur des laïcs et supplante l’usage du psautier dès le XIVe siècle. Plus exactement, si l’engouement pour le psautier perdure, le livre d’Heures est, parmi les manuscrits de la fin du Moyen Âge, le plus copié et le plus enluminé et, du reste, celui conservé en plus grand nombre aujourd’hui dans les collections publiques.
Son nom provient des heures liturgiques, qui ponctuent la journée des moines et du chrétien, au rythme de trois de nos heures actuelles, de minuit à vingt-et-une heures (matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres, complies). Tandis que les cloches des églises scandent ces heures, les moines se réunissent pour prier. Les laïcs, quant à eux, peuvent quotidiennement faire de même, seuls ou en famille, la lecture de leur livre d’Heures.
Ce livre, cet objet précieux se charge d’annotations en marges, de portraits, d’écus armoriés, d’emblèmes dynastiques et de devises. Offert notamment à l’occasion des mariages, il se transmet ensuite dans la lignée familiale et conserve ainsi le souvenir des événements marquants de chacun de ses propriétaires successifs. Il est donc tout à la fois le support privilégié d’une dévotion qui relève de la sphère intime et un objet de prestige social et de mémoire familiale.
(Source - Manuscrits DRAC BNSA Aquitaine.fr)
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