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Ecole de l'abbaye de Saint-Martial de Limoges

La grande abbaye limousine cristallise en son centre les créations musicales des abbayes aquitaines. Elle joue de son influence en tant que sanctuaire puissant et reconnu. Ses chantres s'initient à des inventions musicales de premier ordre qui s'inscrivent dans le renouvellement de la liturgie.

 

Le rôle de l'école de Saint-Martial de Limoges dans la formation des cadres musicaux et littéraires qui ont englobé la quasi-totalité de notre patrimoine, et dont les monuments musicaux s'échelonnent sans interruption du XIIème jusqu'à nos jours, a été immense.

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Le répertoire  de l'Ecole de Saint-Martial

 

Il englobe plus largement de nombreuses créations d'autres monastères : Saint-Martin, Saint-Léonard, Saint-Augustin, Saint-Yriex, qui laisse penser plus largement à une "Ecole limousine". Le champ de prospection  tend à élargir encore un peu plus le répertoire à Narbonne, Saint-Géraud d'Aurillac et Moissac. Les répertoires de ces monastères semblent s'enrichir de créations nouvelles et s'influencent mutuellement.

 

 

Dès le Xème siècle, l'activité de Saint-Martial se place à l'avant garde des "tropeurs",

 

Devançant largement tous les témoignages similaires qui viendront d'ailleurs, seul le monastère de Saint-Gall entre en compétition. On peut croire que Saint-Martial ne doit rien au répertoire de Saint-Gall pour ses premiers tropes, mais il est impossible d'éliminer l'influence de ce monastère de Saint-Gall pour la composition des séquences et des tropes ultérieurs. A la fin du Xème siècle l'activité créatrice de Saint-Martial dans le domaine des tropes et des séquences est à son apogée.

 

Si le rôle personnel de l'abbaye s'affaiblit au cours du XIème, l'élan donné se poursuit autour d'elle en Limousin et Aquitaine jusqu'à la fin du XIIème où elle sera relayée par Notre-Dame de Paris.

 

En même temps que le répertoire s'amplifie, la technique évolue : les premiers genres de tropes en engendrent d'autres, qui se ramifient à leur tour, la séquence acquiert de plus en plus de liberté par rapport au modèle liturgique originel, et vers la fin du XIème, le terrain est préparé pour la jonction des deux genres.

 

La transformation des tropes qui se modifie résulte vers 1095 d'une nouvelle versification. L'étude de ces versus ne doit pas être négligée lorsqu'on examine le problème de l'origine des troubadours.

 

Parallèlement s'est développé, issu en grande partie du trope Quem queritis, sans doute né à Saint-Martial, le drame liturgique.

 

Enfin la polyphonie, déjà née ailleurs au IXème siècle, peut être en Angleterre, trouve dans les tropes son terrain d'élection et les trois genres classiques du XIIIème siècle, organum, motet et conduit s'appuieront sur eux pour croître.

 

On peut donc dire que la quasi-totalité de l'histoire littéraire et musicale (y compris la Chanson de geste) est tributaire, à son origine, de la modeste invention que fut au IXème siècle, le premier trope de l'abbaye de Jumièges, et dont Saint-Martial fut avec Saint-Gall, la principal haut-lieu de développement.

 

Source - "L'Ecole musicale de Saint-Martial de Limoges jusqu'à la fin du XIème siècle" / Jacques CHAILLEY

Les grands centres de créations musicales au XIème siècle

                The abbey Saint-Martial of Limoges was the center of several important developments in medieval music. A significant body of plainchant was transcribed there, including the St. Yrieix Gradual of Gregorian chant and rare survivals of the defunct Gallican chant. Among the earliest sequences composed there is the Swan Sequence from c.850.

 

The St. Martial school of music includes a substantial repertory of musical tropes and versus, as well as an early form of rhythmically ambiguous Aquitanian polyphony, the first substantial repertory of polyphony still extant.

 

It is a famous site for 12th century sacred and secular church music. Some of the earliest troubadour lyrics with their accompanying melodies were extant in manuscripts at St. Martial's, now preserved at the Bibliothèque Nationale.

 

The important repertory of Saint-Martial abbey covering many kinds of liturgical music, mostly plainchant but three of them polyphonic, many originating from St Martial itself or elsewhere in Limoges, some from slightly further afield. The notation is mostly in the local ‘Aquitanian neumes’, varying from a primitive 9th-century style to the more developed ‘square notation’ of the late 12th century. Their rhythmic interpretation is uncertain.

Illustration http://www.studiodifferemment.com

pour la Ville de Limoges "L'abbaye de Saint-Martial de Limoges"

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pour la Ville de Limoges "L'abbaye de Saint-Martial de Limoges"

Pour plus d'info ...

Polyphonies de Saint-Martial et discographie

La musique au moyen-age / Richard HOPPIN

La polyphonie de Saint Martial et Saint Jacques de Compostelle / Theodore Karp

Compilation sur la Musique de l'abbaye de Saint-Martial de Limoges

La musique Grégorienne : une révolution historique, liturgique et musicale / Christopher Gibert

The Aquitanian Sacred Repertoire in its cultural context / ANDREA ROSE RECEK

Les polyphonies de Saint-Martial de Limoges à Saint-Jacques de Compostelle

Polyphonies Aquitaines du XIème au XIIème siècles / marcel Péres

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LA MUSIQUE DE L'ABBAYE DE SAINT MARTIAL DE LIMOGES


L'histoire de Saint-Martial de Limoges se confond avec l'histoire de la musique au Moyen Age. L'abbaye est particulièrement connue pour ses contributions au développement de la musique liturgique et pendant près de deux siècles, du XIème au XIIIème siècle, la bibliothèque a collecté, amassé et conservé les trésors d'une invention musicale exceptionnelle au service d'une liturgie flamboyante.

 

Sans doute est-ce pour ces raisons que l'on a parlé, non sans excès, d'une "Ecole de Saint-Martial" en cherchant ainsi à décrire et synthétiser de manière évidemment réductrice le style musical du XIIème siècle. La raison tient sans nul doute à cette approche épistémologique qui, à une musicologie "de projet" permettant de comprendre les oeuvres et les sources dans leur environnement et leur contexte, privilégiait une musicologie "de constat" fondée sur l'étude des "grandes sources". L'origine même de cette approche réside dans la définition de la musicologie comme une science historique et systématique dont le postulat méthodologique repose sur "une histoire de la musique divisée selon les périodes, plus grandes ou plus petites, ou selon les peuples, les territoires, les provinces, les villes et les écoles artistiques".

 

Si la grande abbaye de Limoges a marqué de son nom la merveilleuse floraison aquitaine, c'est peut-être parce que le prestige de saint Martial, le succès de sa légende et son statut d'apôtre ont suscité sous l'impulsion d'Adémar de Chabannes une production liturgique et musicale nécessaire et innovante. C'est précisément ce qu'explique James Grier dans son article où il  montre comment la reconnaissance de Martial en tant qu'apôtre en 1029 a nécessité la création d'une nouvelle liturgie en jouant également des équilibres et des tensions politiques de la ville. La cadre privé de l'abbaye accueille un office adapté de l'office épiscopal existant à la cathédrale Saint-Etienne en altérant seulement les textes pour promouvoir le nouveau culte apostolique. Pour la messe du jour à la cathédrale, Adémar a réalisé une nouvelle musique plutôt sophistiquée dont l'éclat et la somptuosité sont censés frapper les esprits d'un plus large public. Ces deux stratégies particulières participant d'un même élan, inspirer le respect pour le nouvel apôtre en communiant à travers le Verbe et le son de sa sainteté, révèlent comment Adémar a exploité les enjeux locaux tout en exaltant la vie spirituelle de Limoges.

 

(Source - La musique à Saint-Martial / Olivier CULLIN Université de Tours CESM)

 

DANS UNE DYNAMIQUE AQUITAINE : L'ECOLE DE SAINT-MARTIAL

 

La bibliothèque de l'abbaye Saint-Martial est également sans équivalent, elle qui renferme les principaux témoins de cette activité musicale. C'est cette collection importante de manuscrits presque tous conservés à la BnF qui a justifié le concept "d'Ecole de Saint-Martial" là où l'analyse plus précise de la vingtaine de sources parvenues jusqu'à nous montre que seuls quelques manuscrits ont bien été réalisés à Limoges même.

 

Certaines collections de tropes et de séquences proviennent de la région de Limoges mais d'autres sont originaires de Moissac, Narbonne ou encore Toulouse et, sur les quatre témoins de la polyphonie organale du XIIème siècle, trois seulement proviennent du fonds martialien sans que l'on puisse certifier qu'ils ont été produits à l'abbaye même. L'un des plus fameux témoins est le manuscrit latin 1139 conservé à la BnF : il est exceptionnellement riche par son contenu tant monodique que polyphonique.

 

Si  Saint-martial de Limoges, à cause de son histoire même, se présente comme un lieu privilégié pour l'observation des rituels liturgiques et musicaux, il montre aussi l'extraordinaire vitalité de ces répertoires capables de s'adapter sans cesse aux contextes locaux en incorporant de diverses manières les innovations et les variations particulières. La variation s'érige alors comme une méthode de composition au service d'une louange divine mettant en scène diverses performances possibles.

 

(Source - La musique à Saint-Martial / Olivier CULLIN Université de Tours CESM)

Une Ecole réputée dans l'ordre de Cluny

 

Les possibilités d'adaptation et d'acculturation des répertoires peuvent être constatées quand une abbaye passe dans la mouvance d'une autre abbaye.

 

C'est précisément le cas pour Saint-Martial passé dans l'orbite de Cluny à partir de 1062 mais pour autant, la spécificité musicale martialienne demeure. Si le répertoire est clunisien, les leçons mélodiques demeurent celles de Saint-Martial. Ce constat montre de façon exemplaire la résistance des traditions musicales et la force de la mémoire orale des chantres, un phénomène constant pendant tout le Moyen Age. la résistance est sur le plan musical, beaucoup moins sur le plan liturgique où, l'influence de Cluny est aisément décelable sans que, sur ce point, on puisse trouver une quelconque défiance ou réticence de labbaye limousine envers son aînée bourguignonne.

 

Les particularismes de l'histoire locale de la l'abbaye Saint-Martial et les nécessités nouvelles du culte, l'action vigoureuse de grands intellectuels comme Adémar de Chabannes, une bibliothèque exceptionnelle ont fait de l'abbaye un centre de premier plan pour la vie musicale pendant plusieurs siècles. Cette vitalité s'inscrit également bien dans les ressorts propres à l'art de la musique médiévale, son élaboration mais aussi sa tradition, sa réception et sa transmission.

 

(Source - La musique à Saint-Martial / Olivier CULLIN Université de Tours CESM)

L'AVENEMENT DE LA POLYPHONIE

 

La polyphonie est attestée dès le IXe siècle et fait partie intégrante d’un style appelé le cantus firmus. Apparaît également à cette époque l’orgue dans la liturgie, seul instrument toléré dans l’église. Son utilisation s’est rapidement répandue en Europe même si Rome conserve dans la chapelle Sixtine le chanta capella. Ailleurs, l’orgue soutient les hymnes et peut être aussi le plein-chant. L’Ars Antiqua se développe du IXe au XIIIe siècle et les premières polyphonies notées sont dans l’Enchirias Musices attribué à Otger de Laon.

 

Cet art de la polyphonie se développe à Saint Martial de Limoges puis à Notre Dame de Paris au cours du XIIème siècle. Alors que l’on érige de vertigineuses cathédrales, que l’on part en croisade en Terre Sainte, l’Ars nova permet de montrer la puissance spirituelle et temporelle de l’Eglise. Le chant parallèle ou diaphonie ajoute une voix distante de ces deux intervalles à une mélodie grégorienne préexistante.

 

Au XIIIe siècle à Paris, Léonin, chantre à Notre Dame de Paris se contente de deux vois mais à partir de 1220, son successeur Pérotin superpose trois voix dites «parfaites» car elles font écho à la Trinité.

Le style polyphonique prend à la fin du XIIIe siècle une ampleur considérable avec l’utilisation des motets qui va aller jusqu’à anéantir ce qui l’avait enfanté, à savoir la musique grégorienne. Cela se perpétuera avec l’apparition de l’Ars nova en 1320, suivi de l’Ars subtilior et des  polyphonies de la Renaissance.

LES LIENS AVEC LE CODEX CALIXTINUS DE COMPOSTELLE

 

L'origine du répertoire de Compostelle est inconnue mais il est probablement erroné de le considérer comme l'oeuvre de compositeurs espagnols. Le manuscrit semble avoir été copié dans différents endroits et principalement à Cluny. Les attributions suggèrent que le répertoire musical n'est pas dû à un seul groupe de compositeurs. L'hypothèse est renforcée en outre par une pièce jointe de l'abbaye de Saint-Martial de Limoges et de réalisations de chants responsoriaux, un type de polyphonie notoirement absent du répertoire de Saint-Martial.

 

Le style de déchant du répertoire de Compostelle ne diffère pratiquement pas de celui de l'Ecole de l'abbaye de Saint-Martial. Au contraire il existe même un cas de concordance musicale entre les deux répertoires. La réalisation de Noster Cetus qui se trouve dans trois sources de Saint-Martial réapparaît dans le répertoire de Compostelle, avec un autre trope. Le style de déchant n'est donc pas nouveau par rapport à celui de Compostelle.

 

Au contraire, l'importance accordée au chant responsorial dans la polyphonie de Compostelle établit une distinction essentielle entre  ce répertoire et celui de Saint-Martial.

JAnonyme XIIe s. - Ecole de Saint-Martial / Chant de louange aux Saints Innocents - BNF Fonds Latin 3549, folio 43, verso

Les polyphonies de l'abbaye de Saint-Martial

Ecoles de chants Grégoriens

LA NOTATION GREGORIENNE

 

Le chant grégorien est noté en neumes. Leur origine est grecque mais les premières notations grégoriennes apparaissent dès le VIIIe siècle. Les neumes sont le moyen le plus efficace pour transmettre une musique : en effet les échanges oraux étaient complexes, notamment à cause des régionalismes linguistiques.

 

Malgré cette volonté d’unifier par la notation la musique, des écoles régionales naissent et de diverses notations neumatiques avec elles. Par exemple, les neumes aquitains ont de fins tracés réduits parfois à des pointes Saint Martial de Limoges était une abbaye bénédictine qui englobait d’autres abbayes du fait de son importance. Le terme motet désigne un texte mis sur les parties vocalisées de l'organum, et par extension la voix munie de ce texte, avant de s'étendre à l'ensemble de la composition. Ce sens a été longtemps conservé, et jusqu'à la fin du XIVe siècle au moins, on a continué à appeler motet, dans une polyphonie, la partie située immédiatement au-dessus du ténor, de même que triple et quadruple les voix situées au-dessus du motet, même quand cette numérotation ne correspondait plus à la réalité.

 

SAINT-MARTIAL : UNE ECOLE NOVATRICE ET INNOVANTE

 

L’abbaye limougeaude est dès le XIIème siècle très novatrice dans la notation et la musique en elle-même. Elle est en effet à l’origine d’une manière de chanter et d’une méthode pour l’écrire.

 

Hucbald de Saint Amand définit dès le IXème siècle le chant polyphonique ou Organum comme la réunion harmonieuse de voix différentes. La voix principale vox principalis chante un fragment de plain-chant, accompagnée de la voix organale ou ornementale à intervalles de quintes ou de quartes. Il se trouve des risques de sonorités dures et fautives comme le «Diabolicus in musica».

Hucbald prévoit donc en ce cas que l’on pourra suivre la voix principale non pas en parallélisme strict mais avec une certaine fantaisie. Les organum à la quinte ou à la quarte se terminent sur l’unisson ou l’octave pour donner une impression de repos.

 

C’est un organum dit «libre» que pratiquera l’école Saint Martial de Limoges. De la fin du XIème au milieu du XIIème, son rayonnement s’étend sur toute la région Aquitaine. Elle est renommée pour ses troubadours et sa poésie lyrique latine.

 

C’est à Saint Martial que l’on attribue le premier organum non improvisé intitulé in omnibus requiem quasivi. L’organum Saint Martialien, désormais œuvre de compositeurs, présente grande amélioration: la voix principale, en valeurs allongées, soutient des guirlandes ornementales contenant jusqu’à vingt notes. En ce sens on peut déjà lui accorder le nom de «teneur» (d’où viendra ténor) car elle «tient» le contre-chant.

 

 

(Source - Christopher Gibert)

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pour la Ville de Limoges "L'abbaye de Saint-Martial de Limoges"

Organum - BNF F Lat 3719 Fol 67v

Répertoire
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