Musique, littérature et poésie
Depuis le IXème siècle le Limousin est un terre fertile pour la création musicale. Les grandes abbayes sont au coeur d'innovations dans la musique polyphonique nourries par les nombreux échanges avec les grands foyers artistiques des régions mosanes, des abbayes de Jumièges, Saint-Marin de Tours et Saint-Benoît-sur-Loire ...
Les abbayes du Limousin vont donc multiplier les recherches et les essais musicaux pour glorifier un peu plus la liturgie chantée de leurs saints et rayonner à leur tour. Ce bouillonnement musical fera naître d'autres univers.
Cette dynamique de recherches dans la musique liturgique sera un terrain favorable à l'éclosion d'une poésie profane. Le Limousin devient en effet le berceau des troubadours au XIIème siècle qui chantent en langue vernaculaire et véhiculent cette la langue limouzi dans les cours des châteaux jusqu'à la Catalogne et l'Aragon..
Dès le Xème siècle, l'activité de l'abbaye de Saint-Martial de Limoges se place à l'avant garde de la création musicale, devançant largement tous les témoignages similaires qui viendront d'ailleurs, seul Saint-Gall entre en compétition.
On peut croire que Saint-Martial ne doit rien au répertoire de Saint-Gall pour ses premiers tropes, mais il est impossible d'éliminer l'influence du monastère Saint-Gall pour la composition des séquences et des tropes ultérieurs. A la fin du Xème siècle l'activité créatrice de Saint-Martial dans le domaine des tropes et des séquences est à son apogée.
Ecoles de musiques au Moyen Age
Les premiers pas du théâtre liturgique
C'est aussi dès le XIIème que l'on voit à Limoges les premiers essais du théâtre liturgique avec le Sponsus. Ce texte, le plus ancien drame latin daté de 1139, où furent introduites des farcissures en langue vulgaire, relate le drame des Vierges sages et des vierges folles. Cette poésie d'inspiration religieuse précède le jaillissement de la poésie des troubadours à la fin du siècle.
Le Limousin au coeur de l'histoire de la langue occitane
Au Moyen Âge, avant de parler de l'occitan, on parlait de provençal ou de limousin, et plus tard de gascon, termes régionaux qui désignaient cependant la langue littéraire commune aux auteurs occitans et à ceux qui, bien que catalans ou italiens, l'utilisaient dans leurs écrits. Cette langue littéraire s'opposait à celle du Nord, dite langue française ou encore langue du roi. C'est Dante qui opposa à sa propre langue, langue du si, la langue d'oïl et la langue d'oc prenant pour critère les différentes manières de dire oui.
Les premiers textes occitan dont on ait trace provienent de l'abbaye de Saint–Martial–de–Limoges à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle. On y trouve, parmi des textes intégralement en latin, deux pièces en latin farci et deux autres intégralement en langue d’oc, vraisemblablement au moins en partie destinées à faire participer les laïcs aux cérémonies et au culte, ce dont on trouve la trace dans les textes. Ces créations musicales de tropes composées de six décasyllabes, font partie, comme les autres pièces de ces manuscrits, des plus anciennes pièces occitanes en vers. Présentes dans un manuscrit limousin,elles paraissent confirmer le rôle de cette région dans la naissance de la poésie lyrique. On fait d’ailleurs souvent du mot trope, ou plutôt du verbe tropare, l’étymon du verbe trobar, l’acte de « trouver », de composer de la poésie, qui donne leur nom aux trobadors.
(Source - Les Manuscrits occitans à la Bibliothèque nationale de France).
La plupart des spécialistes s'accordent aujourd'hui pour attribuer à deux poèmes le statut de premier texte occitan ou plutôt de première "oeuvre" au environ de l'an mille, : le Boece et la Chanson de Sainte Foi d'Agen. Ce texte de Boeci, paraphrase en occitan de la Consolatio Philosophiae de Boèce, qui a été vraisemblablement composé dans la première partie du XIe siècle en Limousin, sinon à l'abbaye Saint-Martial de Limoges même, est conservé par un manuscrit du XIe siècle provenant de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire.
Enfin, vers le milieu du XIe siècle apparaissent dans les chartes latines des pays de langue d'oc des mots et des expressions qui attestent que la langue vulgaire est déjà l'outil d'actes formulaires au plus haut niveau de la vie publique. Comme pour la poésie des troubadours la modernisation linguistique se fait par le sommet de la société féodale : il s'agit d'actes féodaux importants. En cinquante ans cette modernisation sera acquise : le rapport des langues aura basculé. A propos du Poème sur Boèce, Lafont écrit : "nous sommes aux sources d'une littérature nouvelle, déjà maîtresse de sa forme".
(Source - CIRDOC)
Organum "Jubilemus, exsultemus" (Saint-Martial de Limoges, s.XII)
Carthographie de la langue occitane
The important repertory of Saint-Martial abbey
covering many kinds of liturgical music, mostly plainchant but three of them polyphonic, many originating from St Martial itself or elsewhere in Limoges, some from slightly further afield. The notation is mostly in the local ‘Aquitanian neumes’, varying from a primitive 9th-century style to the more developed ‘square notation’ of the late 12th century. Their rhythmic interpretation is uncertain.
It was in Limousin that the earliest troubadour lyrics known to us were composed, and this district with the adjacent Poitou and Saintonge may therefore be reasonably regarded as the birthplace of Provençal lyric poetry. In any case, linguists and philologists today, ever since Dante (De vulgari eloquentia—”On the Eloquence of Vernacular”), recognize all these dialects under the designation of “romance languages.”