Saint Geoffroy du Chalard
La Vita Beati Gaufredi, Geoffroy du Chalard, écrite un quart de siècle après son décès, sous son successeur. Geoffroy était né en 1060 à Boscavillot, village de Noth, à l'est de la Souterraine près du château de Bridiers, d'une famille modeste nous dit Dom J. Becquet. Il fit des études assez poussées à Tours, et vint ensuite enseigner à Limoges. Sur les conseils d'un riche marchand chez qui il logeait, Pierre Brun changeur, il se fit ordonner prêtre à Périgueux vers 1087 par Raynaud de Thiviers, car le siège de Limoges était vacant à cette époque. Lors de son voyage d'ordination, il avait remarqué la forêt de Courbefy qu'il traversait. A son retour, il vint s'installer en ermite dans le site ruiné du Chalard, avec deux compagnons Pierre et Edmond le 6 janvier 1088, ayant refusé la proposition d'Hugues de Cluny de se faire moine. En effet, un monastère y avait été édifié et avait été détruit par les Normands.
Les trois ermites reçoivent un accueil favorable de la population qui les aide à construire un premier oratoire. Le 25 août 1088 le vicomte Adhémar, sur les instances de sa mère, donne le site à Geoffroy.
Une reconstruction de l'église du prieuré du Chalard débute en 1096, en partie grâce aux dons de larchidiacre Bruschard, repentant. Cette nouvelle église fut consacrée par Raynaud de Thiviers le 18 octobre 1100. Geoffroy partagea sa vie entre l'office divin et le souci pastoral des populations avoisinantes, contrairement à l'abbaye de Grandmont qui n'admettait pas le patronage d'églises par soucis de pauvreté, et peut être aussi de tranquillité. N'avait-on pas vu un laïc flamand, Robert, venir au Chalard comme ermite, quelques années auparavant, et chassé par les curés craignant pour leurs casuels. Aussi Geoffroy se tourna vers le vicomte Raynaud de Thiviers pour lui donner raison et le soutenir.
Vivant comme un ascète, Geoffroy portait un cilice et deux chaînes en fer. Lorsqu'il mourut, après 38 ans de vie religieuse, le 6 octobre 1125, Gaucher d'Aureil vint célébrer ses funérailles, comme il l'avait fait pour Étienne de Muret. On l'inhuma au Chalard. Son successeur Bernard, ancien supérieur de la fondation de Saint-Nicolas de Courbefy, résigne en 1127. L'établissement se développe sous le troisième prieur, Géraud. Il est jeune lors de son élection et gouverne le prieuré pendant près de quarante ans. En 1150 il obtient une bulle pontificale de confirmation des biens du prieuré. C'est aussi autour du milieu du siècle, et à sa demande qu'est rédigée la Vita Beati Gaufredi.
Châsse de Geoffroy du Chalard, du milieu XIIIe siècle
H. 45,2 ; L. 56,8 ; La 22,2.
Eglise de l'Assomption de la Vierge. Trésor.
Classée M.H. 20.06.1891.
Cette châsse en forme d'édifice à toit en bâtière est constituée du remontage de cinq plaques rescapées de nombreux vols, assemblées en 1987 sur une âme de bois moderne. Dès 1857, l'abbé Texier signalait "une sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus dans une gloire elliptique supportée par quatre anges", qui avait disparu en 1890 quand Ernest Rupin décrivit ce reliquaire. En 1910, Tenant de la Tour publia un dessin de la plaque émaillée du pignon aujourd'hui disparue, connue également par une photographie de Rupin. Enfin, cette châsse fut dérobée en 1981 et cinq de ses plaques retrouvées en 1986, le Christ en Majesté non émaillé du pignon ayant disparu.
Enfin, il convient de noter que le musée de Cluny avait reçu en dépôt en 1934 une plaque émaillée avec trois apôtres, provenant de cette oeuvre.
Le programme iconographique de cette châsse répond à une volonté dogmatique assez simple : Vierge à l'Enfant et Majesté du Christ à la face principale, entourés des douze apôtres, comme sur la châsse de Saint-Viance et la plaque du musée de Limoges, et saints non identifiés sur les pignons alors que nous ignorons totalement quelles pouvaient être les représentations du revers qui présentaient peut-être une iconographie particulière à saint Geoffroy.